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LES GUERRES CONTEMPORAINES

trois millions de travailleurs transformés en soldats, privant par là même l’agriculture et l’industrie de leur puissant concours : toutes ces récoltes détruites, toutes ces plantations délaissées faute de bras, toutes ces usines fermées faute de capital et de sécurité ; toutes ces richesses cotonnières qu’implorait l’Europe, dévorées par les flammes, ces pertes incalculables, nous les passons parce que nous ne pouvons les supputer. Mais voici qui n’échappe pas à notre calcul. Cette superbe marine marchande qui faisait la gloire des États-Unis, qu’est-elle devenue par la guerre ? À combien de millions s’élèvent les pertes subies par les armateurs du Nord ? Le dommage causé au commerce du Nord par l’Alabama seul dans sa courte carrière, est estimé à 80 millions de francs. Tous ces beaux navires, toutes ces riches cargaisons devinrent la proie des corsaires du Sud, qui ne pouvant les faire entrer dans les ports européens, les brûlaient en pleine mer. Aussi quelle perturbation générale dans tous les rapports commerciaux des États-Unis, quelle hausse de l’assurance ? Les États du Nord sont obligés de vendre à perte à l’Angleterre la plus grande partie de leurs navires et de dénationaliser leur marine. De 1858 à 1860, la moyenne des vaisseaux vendus par les Américains aux Anglais était de 40, jaugeant 16,000 tonneaux ; en 1861 ce n’est plus 40, c’est 126 d’un tonnage de 76,000 ; en 1862, c’est 135 ; en 1863, c’est 320 d’un tonnage de 252,579, Les chiffres man-