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Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/40

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II

Près de six mois s’étaient écoulés depuis la mort de Blanche, dont sa sœur portait encore le deuil.

Rien n’était extérieurement changé dans l’existence de Rose et de sa mère.

Tout, dans la chambre que les deux sœurs avaient occupée ensemble, était resté à la même place ; la couronne de fleurs d’oranger était posée sur le front d’une statue de la vierge, aux pieds de laquelle Rose et Blanche avaient souvent prié ensemble. Maintenant l’une priait au ciel et l’autre sur la terre, et pourtant c’était encore entre elles un mutuel échange de prières.

En se voyant entourée de tous les objets qui leur avaient été habituels, Rose se persuadait parfois que son malheur n’était qu’un rêve affreux dont elle allait se réveiller. Le cœur de Rose ne pouvait accepter la conviction d’une absence sans retour et d’une séparation dont le terme se perdait dans l’infini. Le souvenir de Blanche présidait à toutes les occupations journalières de sa sœur, elle croyait encore suivre ses intentions en aimant et en soignant tout ce qu’elle avait aimé.

Parmi tant de regrets, celui du portrait de Blanche, emporté par Maurice, était un des plus incessants.

Ce dernier l’avait emporté aux Colonies Espagnoles où il se trouvait appelé par ses affaires au moment de sa mort ; et c’était en vain que Mme Barton et Rose en avaient réclamé la restitution.

Quoique les traits de sa sœur fussent sans cesse pré-