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Ce fut alors que Donatien, à l’insu de Rose, alla chercher à Nantes un célèbre médecin, qui sauva la vie de Mme Barton.

Pour obtenir avec plus de sécurité tout ce qui pouvait hâter la guérison de la malade, Donatien semait l’or à pleines mains, afin que ses commissionnaires, malgré la rigueur de la saison, s’acquittassent avec promptitude des ordres qu’il leur donnait.

Enfin, Mme Barton entra en convalescence, elle reconnut qu’elle devait la vie aux soins de Rose et de Donatien.

Si ce dernier n’eût pas possédé l’amour de Rose, sa conduite en cette circonstance lui eût acquis à jamais son cœur.

Un jour que Rose, pâle encore des veilles précédentes, mais souriante de bonheur, voulant exprimer à Donatien toute sa reconnaissance :

« Je vous dois la vie de ma mère, dit-elle en versant des larmes, et je voudrais qu’il fût en mon pouvoir de m’acquitter d’un si grand bienfait.

— Ah ! ma chère Rose, reprit-il, n’avez-vous pas fait mille fois plus pour moi, en me rendant le calme qui m’avait fui depuis longtemps en m’arrachant aux funestes pensées qui devaient me conduire à la folie ou au suicide.

— Que dites-vous, s’écria Rose avec effroi ?

— La vérité, reprit Donatien, car vous avez été l’ange consolateur destiné à me retenir sur le bord de l’abîme.

— Ah ! s’il en est ainsi, dit Rose, heureuse et fère de sa mission, je n’ai plus qu’un désir, celui de conjurer à jamais ces funestes pensées.

— Votre présence, dit Donatien, suffira pour accomplir ce miracle.

— Alors, je suis assurée du succès, s’écria Rose, ce sera pour moi un bonheur et non un sacrifice. Je n’aurais donc pas acquitté envers vous la dette de mon immense reconnaissance ; que serais-je devenue en perdant ma mère