Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Donatien ce qui lui restait de la fortune d’Azélie, mais l’abbé avait refusé, et Ambrosio avait promis de l’employer en établissements charitables.

Ce ne fut pas sans répandre bien des larmes que Rose acheva cette lecture qui fut souvent interrompue par l’extrême émotion de Donatien.

Trop faible encore pour supporter une pareille crise morale, il éprouva, la nuit suivante, un violent accès de fièvre. Cependant cette rechute n’eut pas de suites. En acquérant la certitude de son innocence, Donatien recouvra, avec le calme de l’âme, la force et la santé.

Bientôt de retour à Saint-Sébastien, rien ne s’opposant plus à leur union, Donatien devint l’heureux époux de Rose.

Cependant, le bonheur des deux époux ne fut pas de longue durée. Donatien ne pouvait oublier que Rose avait douté de lui, et la moindre circonstance révélait les tendances de sa nature inquiète et jalouse.

C’était vainement que Rose s’était condamnée à une solitude absolue, Donatien ne pouvait voir sans peine la tendresse de Rose pour sa mère, ni sa prédilection pour les objets les plus simples ; il était, en un mot, jaloux d’un oiseau, d’une fleur ou d’un art quelconque. Les accès de noire mélancolie, que la tendresse de Rose avaient conjurés, reparaissaient à des intervalles périodiques ; pendant les intervalles de repos que lui laissait sa cruelle maladie, Donatien redevenait spirituel, aimable et tendre pour sa malheureuse femme qui se dévouait, sans se plaindre, à l’infortuné dont elle avait accepté l’existence.

Les médecins conseillèrent à Rose de faire voyager son mari, mais elle ne pouvait quitter sa mère devenue malade et paralytique.

Cependant elle ne tarda pas à la perdre, et ce fut une des plus cruelles douleurs de sa vie.

Peu après, elle partit avec Donatien et, tous deux, par-