Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/74

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ce coin de terre était tout son univers : ne renfermait-il pas tous ceux qu’elle avait aimés ? Dieu seul était son appui, et l’espoir de les rejoindre un jour, son unique consolation.

Enfin, le jour arriva où Rose vint prendre sa place près des autres membres de sa famille.

On voit encore, dans le modeste champ de repos du bourg de Saint-Sébastien, les quatre tombes de cette famille éteinte. Là, nul ornement, si ce n’est une humble pierre et quelques fleurs des champs. Ce lieu ignoré n’est visité que par les oiseaux du ciel et les enfants du village qui viennent y jouer avec toute l’insouciance de leur âge.

Lorsqu’en automne les tempêtes de l’équinoxe règnent furieuses sur ces rivages, on croit entendre les plaintes de l’âme des morts se mêlant aux mugissements de l’Océan. Personne n’est resté pour donner à Rose un souvenir et une prière, elle qui donna tant d’amour et de dévouement aux autres.

Rose et Blanche, qu’on avait surnommées les deux Roses, reposent l’une près de l’autre ; leur vie a été presqu’aussi éphémère que la fleur dont elles portaient le nom. Mais, comme le parfum qui survit à la fleur, le souvenir de leurs vertus subsistera plus longtemps que ces pages légères et fidèles gardiennes de leurs mémoires.