Aller au contenu

Page:Les Œuvres libres, numéro 14, 1922.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

reparut plus au monde. Tout aussi étrange est la disparition du cutter Alicia parti, un matin de printemps, par un léger brouillard d’où il ne devait plus jamais ressortir. Et comment oublierais-je la mémorable aventure du journaliste et duelliste bien connu Isadora Persano, qu’on trouva fou, les yeux écarquillés, devant une boîte d’allumettes renfermant un ver d’une espèce singulière, inconnue, paraît-il, de la science ?

Outre ces cas spéciaux, il en est d’autres touchant à des secrets de famille si graves que des personnes très haut placées seraient dans la consternation à la seule idée d’une divulgation possible. Ai-je besoin de dire qu’elles n’ont pas à craindre un pareil abus de confiance et que tous les papiers qui les concernent vont être détruits, maintenant que mon ami a le temps de s’en occuper ?

Reste un nombre considérable d’affaires plus ou moins intéressantes que, sans doute, j’aurais déjà relatées si je n’avais eu peur de déterminer dans le public un sentiment de satiété susceptible de réagir sur la réputation d’un homme que je révère. Il en est dont je puis parler en témoin oculaire; au contraire, dans les autres, n’étant pas intervenu ou n’ayant joué qu’un rôle minime, je n’ai pas à me mettre en avant. Pour aujourd’hui, voici une aventure que j’emprunte à mes souvenirs personnels.

Nous étions en octobre. Le vent, ce matin-là, soufflait avec rage et, tout en faisant ma toilette, je regardais tournoyer sous les rafales les dernières feuilles arrachées au platane de la cour derrière notre maison. Quand je descendis pour le petit déjeuner, je m’attendais à trouver mon ami fort déprimé, car il est, comme tous les grands artistes, extrêmement sensible aux influences extérieures. À ma profonde surprise, il