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Page:Les Œuvres libres, numéro 14, 1922.djvu/330

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— Aussi clairement que possible. Mais pourquoi soupçonne-t-on l’institutrice ?

— Eh bien, c’est d’abord qu’il y a contre elle une charge directe : un revolver, où manquait une balle et dont le calibre correspondait à celui du projectile qui avait causé la mort, a été trouvé sur le plancher de sa garde-robe.

Les yeux fixes, Holmes répéta, en scandant les syllabes :

— Sur – le – plancher – de – sa – garde-robe.

Puis il se tut. Je vis qu’un raisonnement s’élaborait chez lui, et je me serais fait scrupule de l’en distraire. Mais, dans un brusque sursaut, revenant à moi :

— C’est comme je vous le dis, Watson. Et vous concevez, n’est-ce pas, que c’est grave. Deux jurys ont eu la même opinion là-dessus. Puis, la morte avait sur elle un billet lui donnant rendez-vous à l’endroit où le crime a été commis, et ce billet portait la signature de l’institutrice : qu’en pensez-vous ? Enfin, il y a le mobile du crime. Le sénateur Gibson est un homme de conséquence ; que sa femme vienne à mourir, celle qui la remplacera près de lui n’est-elle pas, selon toute probabilité, la jeune personne pour laquelle, si l’on en croit la rumeur, il a déjà eu des attentions pressantes ? Amour, fortune, puissance, tout dépend donc d’une vie sur le retour. Vilaine histoire, Watson, très vilaine !

— En effet, Holmes.

— Point d’alibi possible pour l’institutrice. Elle a reconnu que, vers l’heure où se jouait le drame, elle se trouvait non loin du pont de Thor, qui en a été le théâtre. Elle pouvait d’autant moins nier sa présence à cette place qu’un villageois l’y avait rencontrée.

— Circonstance, péremptoire, il me semble.

— Et pourtant, Watson, pourtant !… Ce pont