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Page:Les Œuvres libres, numéro 14, 1922.djvu/341

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de nous quitter : il y aura eu lutte, le revolver sera parti, tuant celle qui le tenait.

— J’y avais déjà pensé, dit Holmes ; en dehors d’un meurtre prémédité, je ne vois que cette explication qui soit plausible.

— Elle se heurte aux dénégations de miss Dunbar.

— Qu’elle soit vraie, et nous pouvons conclure. On comprend qu’après une aussi terrible scène, une femme, rentrant chez elle tout égarée, encore armée de son revolver, le jette, sans presque savoir ce qu’elle fait, au milieu de ses vêtements, et qu’une fois le revolver retrouvé, incapable d’une justification sincère, elle se réfugie dans le mensonge. Qu’est-ce qui, à votre avis, interdirait cette hypothèse ?

— Le caractère même de l’accusée.

— Je veux bien le croire.

Holmes consulta sa montre.

— Vraisemblablement, nous aurons ce matin les permis nécessaires pour voir l’accusée dans sa prison ; en ce cas, nous nous rendrons à Winchester dès ce soir. Il se peut qu’après avoir causé avec miss Dunbar je vous sois encore utile ; mais je ne vous garantis pas que mes conclusions répondent à vos espérances.

Contrairement aux prévisions d’Holmes, les permis officiels se firent attendre ; de sorte qu’au lieu de nous rendre à Winchester nous allâmes l’après-midi à Thor Place, le domaine de M. Neil Gibson dans le Hampshire. Le roi de l’or ne nous accompagnait pas ; mais nous avions l’adresse du sergent Coventry, de la police locale, qui s’était le premier occupé de l’affaire. C’était un homme d’une très haute taille, d’une maigreur de squelette, et dont les façons donnaient à entendre qu’il en savait ou soupçonnait plus qu’il ne pouvait dire. Il avait la manie de laisser, par instants, tomber tout d’un coup la voix pour