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Page:Les Œuvres libres, numéro 14, 1922.djvu/349

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misérable, qu’on voit aux yeux d’une bête quand le filet du chasseur s’est rabattu sur elle et qu’elle cherche en vain une issue à travers le réseau. En voyant mon illustre ami, elle se rendit compte du secours qui lui venait ; un peu de couleur teinta ses pommettes et son regard s’éclaira d’une lueur d’espoir.

— Peut-être M. Neil Gibson vous a-t-il dit quelque chose de nos rapports, demanda-t-elle d’une voix basse et tremblante.

— Oui, répondit Holmes, ne vous mettez pas en peine d’explications là-dessus. Je n’ai qu’à vous regarder pour être certain que M. Neil Gibson ne m’a rien dit qui ne soit vrai quant à l’ascendant que vous aviez sur lui et au caractère irréprochable de vos relations. Mais, ces choses-là, pourquoi les avoir laissées dans l’ombre devant le juge ?

— Il me semblait impossible qu’on maintînt l’accusation. Je pensais que, si nous attendions, tout s’éclaircirait sans qu’il nous fallût entrer dans de pénibles détails sur la vie intime de la famille. Hélas ! loin de s’éclaircir, tout n’a fait que s’assombrir, je crois.

— Ma pauvre enfant, répliqua gravement Holmes, je vous demande de ne conserver à cet égard aucune illusion. M. Cummins peut vous le certifier, nous avons contre nous toutes les apparences, et il importe de ne rien négliger pour vaincre. Prétendre que vous n’êtes pas en grand danger serait vous tromper cruellement. Aidez-moi, autant qu’il est en votre pouvoir, à découvrir la vérité.

— Je ne vous ferai point de mystère.

— Dites-moi quelles étaient au plus juste vos relations avec Mrs. Gibson.

— Elle me haïssait, monsieur Holmes, elle me haïssait avec toute la véhémence d’une nature tropicale. Elle ne faisait rien à demi, et sa haine