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Le tendre cantique de Siona

roman inédit

par

Myriam Harry

I

Siona Benedictus gravit la sente tortueuse qui mène au cèdre du Liban. Rigide, solitaire et gigantesque, l’arbre séculaire dominait le Jardin des Plantes du haut de sa colline et semblait, en sa vêture blanchâtre, un patriarche ’biblique, étendant ses bras bénissants sur la foule végétale et animale des exilés qu’une destinée incompréhensible avait, de tous les points de la planète, réunis dans ce coin provincial de Paris, A cette heure, les visiteurs n’envahissaient pas encore les allées. Siona s’assit sur une des vieilles dalles qui encerclaient d’un anneau de pierre le pied du cèdre, et, le dos appuyé- contre l’écorce écailleuse, les yeux levés vers le sombre plafond velouté, elle respirait la vive odeur résineuse qui s’exhalait au premier soleil du printemps. « Le roi Salomon s’est fait une litiire en bois de cèdre ; « Il s’est fait une litière en bois du Liban odoriférant ; » scandait Siona et elle revoyait le cèdre du Mont-