peux supposer et comme je ne saurais l’exprimer. Il n’est pas besoin d’être d’un sexe différent pour s’aimer ! Ne crois-tu pas que deux femmes puissent se vouer leur cœur aussi bien que des amants ? L’amour entre amants, vois-tu, a toujours une fin déconcertante, diminuante. Une fois le désir satisfait, l’homme et la femme deviennent momentanément des ennemis, tout au moins des indifférents. Il ne reste plus d’idéal, plus de griserie : deux bêtes repues qui, pour un peu, se déchireraient comme les bêtes. Tandis qu’entre femmes, pour qui l’instinct est lettre morte... ah ! je ne parie pas des folles, je ne parle pas des malades... eh bien, entre femmes, c’est un éternel éden pour te cœur !... l’éden où je voudrais que tu entrasses avec moi, ma Rolande...
— C’est curieux... réfléchit-elle... tu me parles comme ton frère... il est vrai, que ces arguments-là, il les appliquait à l’homme et à la femme, et me les servait une fois la bête satisfaite, comme tu dis... Mais je retrouve en tes paroles non seulement ses idées, mais jusqu’à ses mots...
— Raison de plus pour que tu reportes sur moi, entièrement, l’affection que tu lui donnais !... la même affection !... et que nous méprisions dès lors ensemble tout le reste de l’humanité !... les Variland, les Rimeral, les Lieuplane !... Veux-tu qu’il en soit ainsi ?... t’y engages-tu, jusqu’au retour de Georges ?... Ma chérie, je ferai l’intérim dans ton cœur, et ça ne sortira pas de la famille. T’y engages-lu ?
— Je m’y engage... dit-elle. Car ce n’était pas de ces hommes que j’étais jalouse : c’était de toi. Elle mentait... Mais qu’importe !. elle m’offrait ses lèvres pour sceller notre réconciliation. O démon ! notre baiser s’évada du pur idéal que je venais d’invoquer comme suprême argument de notre nouveau mode d’union Nous nous désenla-