C’est dans ce dénuement que l’esprit trouve son repos ; car, en ne désirant plus rien, il n’est attiré ni aux grandes, ni aux petites choses, parce qu’il est dans le centre de son humilité. Mais, au contraire, s’il souhaitait la moindre chose, il en sentirait aussitôt de la peine.
Après avoir expliqué le premier vers du cantique que nous avons mis au commencement de ce livre, et où nous avons parlé de la nuit des sens, de sa nature et des moyens d’y entrer, il faut traiter de ses propriétés et de ses effets admirables, et déclarer le sens du second vers et des autres qui suivent.
L’âme dit donc qu’elle a passé par les inquiétudes d’un amour qui l’enflammait, et qu’elle est arrivée par la nuit obscure du sens à l’union de son bien-aimé ; car il était nécessaire, pour dompter toutes ses passions et pour refuser le plaisir de toutes les choses que la volonté aime, et dont elle veut avoir la jouissance ; il était, dis-je, nécessaire que l’ame fût embrasée du saint amour de l’Époux divin, afin qu’en y mettant tout son plaisir, elle en reçut assez de force et