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« anciens » autant pour l’entretien des églises et le soulagement des pauvres que pour subvenir à tous les besoins d’une organisation compliquée, d’une administration vaste et régulière, superposée à celle de l’Empire. Les marchands d’argent avaient souvent affaire à ces collecteurs chrétiens qui venaient négocier chez eux des billets sur d’autres villes, spéculaient même, ingénieusement, sur l’agio des différentes monnaies.

Agapios, le « Chrétien » était aubergiste et cabaretier. L’Église, par égard aux précieux services qu’il pouvait rendre, montrait de l’indulgence pour les péchés de toute nature que sa profession favorise, et que, sous ses yeux, commettaient ses clients : à condition qu’il ne les commît point lui-même, observât les jeûnes, assistât aux assemblées, n’accomplît l’acte de chair que dans les liens du mariage. Car un aubergiste et un vendeur de vin voit beaucoup de gens, apprend bien des nouvelles ; et c’était aussi chez Agapios que descendaient, auparavant que de pénétrer dans Corinthe, les émissaires et tous les apôtres itinérants — à cette époque on disait encore en Orient, populairement, « les prophètes » — qui parfois arrivaient des contrées les plus lointaines, partaient de Rome, ou même d’Asie, pour courir jusque dans les Gaules, jusque chez les Bataves ou dans l’île de Bretagne. La conviction mystique, et qui d’ailleurs reposait sur un sentiment équitable, que le règne du Christ, — redescendu dans sa gloire pour instituer en ce monde le triomphe définitif des élus — ne pouvait advenir que le jour où tous les hommes de la terre auraient eu connaissance de sa doctrine, excitait l’ardeur passionnée de la propagande ; et, dès ce moment, l’Église se nommait, et voulait être, Universelle.

Théoctène et Myrrhine ne trouvèrent dans la taverne que deux ribaudes, l’une évidemment