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— Cette île-là ? — questionna Sa Seigneurie, le doigt sur la carte.

— Oui, — répondit O’Kennedy, oui, mylord ! L’île Graciosa.

Lord Nettlewood considérait la figure de l’île, petite tache grise sur l’océan de papier blanc. Deux croix noires s’y montraient, l’une au Nord, l’autre à l’Ouest, avec, auprès d’elles, deux légendes : Le Pic, 692 m. ; et Le Puits, eau potable.

— Qu’est-ce, cette île Graciosa ? — dit encore lord Nettlewood.

— Une île très déserte, et absolument isolée, comme vous pouvez voir, mylord, — expliqua O’Kennedy, deroulant la carte dans toute sa largeur. — La côte la plus proche est à deux cents milles dans le S.-E. ; et les fonds sont si creux qu’on ne voit jamais de pêcheurs autour de Graciosa. Il s’y trouve une aiguade… Vous voyez, mylord ? Le Puits, eau potable. Les Instructions Nautiques disent même que ce puits-là est un fameux puits… puits naturel, foré en pleine lave, et dont la sonde n’a jamais trouvé le fond. L’eau, d’ailleurs, est excellente… Il y a toute chance pour que ce puits soit une des anciennes bouches du volcan.

Lord Nettlewood s’étonna :

— Il y a un volcan sur Graciosa ?

Le capitaine O’Kennedy rectifia :

— Il y a eu un volcan, mylord, autrefois. Il est éteint depuis des siècles. Mais le cratère est encore visible… tenez, sur la carte, cette autre croix… C’est ça… Le Pic, 692 m. J’ai connu un camarade qui avait débarqué là, et fait l’ascension, autrefois…

Sa Seigneurie réfléchissait :

— Vous pouvez mouiller sous l’île ?

— Non, mylord, — fit O’Kennedy, secouant la tête, — impossible ! Voyez les côtes de la carte : c’est trop accore à toucher l’île, il y a partout