Page:Les œuvres libres - volume 1, 1921.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Non ! — répliqua tout de go le comte de la Cadière. Nous n’avons pas de quoi chasser. Il n’importe d’ailleurs en rien, car nous n’avons pas non plus quoi chasser : il n’y a visiblement point de gibier dans l’île.

— Bref ! un grand Puits pour tout potage ! — affirma, imperturbable, l’une des dames, Germaine Franeheville.

— Au moins, — prononça, assez grave, Mrs Ashton, — le bon de cela est que nous ne manquerions point d’eau douce…

— Nous manquerions assez d’autres choses, — riposta lord Nettlewood, infiniment vexé : son péché le plus fréquent n’était pas de boire de l’eau. — Mais ne parlons pas au conditionnel ! Nous avons mieux à faire. Trêves, la Cadière ! je vous en conjure ! allez, et vérifiez que la Feuille de Rose, comme j’en ai la conviction, est de l’autre côté du Pic…

XIV

— Mon cher ! — affirma violemment le comte de Trêves, parlant au comte de la Cadière, tandis qu’ils se hissaient l’un aidant l’autre, le long des contreforts du Pic, pour atteindre au mieux et le plus haut possible le versant opposé de la montagne, — mon cher ! Vous, homme libre et célibataire, qui galopez par le monde, sans avoir une Punaise accrochée à votre veston, vous avez dans la vie tant d’avantages, sur le pauvre imbécile d’homme marié que je suis, qu’en vérité je ne sais s’il m’apparaît tout à fait certain que j’ai raison, quand je vous soutiens qu’il serait plus avantageux pour nous, simples bipèdes que nous sommes, de nous faufiler, telles des chèvres capripèdes, le long de ces pentes abruptes, pour