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interrogée par Perrine, elle a raconté une soi-disant rencontre avec des mendiants ivres devant le cabaret de la Pie qui boit, au Grand-Placitre ; ceux-ci l’auraient poursuivie et menacée. Je vous assure que je ne crois pas un mot de cette rencontre ; pressée de questions, la jeune Agathe s’est démentie et a balbutié. Mon opinion est qu’elle sortait d’une violente querelle, en effet, mais qu’aucun mendiant n’en fut la cause. D’ailleurs, pourquoi une bande de claque-misère se serait-elle attachée aux trousses de la pauvre fille ? Mais qui a pu la menacer ? Je vous demande de ne pas perdre une heure. Le commandant est au courant de nos recherches et m’approuve complètement. »

26 mai 1826.

« C’est Yves Laguennic, monsieur, et non pas Mordreuch, qui a découvert ce matin la pauvre servante ; il était six heures comme il ouvrait la porte sur la grand’rue. Elle était déjà froide lorsqu’il put la secourir (Dieu lui pardonne !). Le docteur a dit que la mort remontait à six heures de là ; donc, c’est au milieu de la nuit, vers une heure du matin, que le crime fut commis. Nous avons prévenu les parents. Ma fille ne sait rien encore. »

Agathe fut en effet trouvée pendue au réverbère de la rue, et ici, nous savons qu’une enquête fut ouverte. Est-il nécessaire de dire qu’elle ne donna aucun résultat ? Les poches de la jeune fille étaient vides, mais elles ne devaient pas contenir de richesse. Quelques lettres peut-être, qui eussent mis les indiscrets enquêteurs sur la voie.

Pour nous, il apparaît clairement que la jeune Agathe, réprimandée la veille par ses « patrons »