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sieurs les membres du conseil, quand je parlai pour la première fois au docteur Pedraza.

Quelques-uns d’entre vous peuvent ignorer ce que sont les titres de la Banque Hypothécaire argentine. Dans les Bourses d’Europe, on les considère comme un placement « de tout repos », comme des valeurs à l’achat desquelles un père de famille peut consacrer ses économies et une pauvre veuve son modique héritage. Ces bons hypothécaires sont plus appréciés des gens timides que les emprunts d’Etat ou les obligations industrielles qui supposent toujours un certain risque à courir. Chacun des titres représente une parcelle de terre hypothéquée, c’est-à-dire quelque chose de solide, de tangible que, ni la guerre, ni une catastrophe n’ont le pouvoir de faire disparaître ou de volatiliser. Les directeurs de la Banque Hypothécaire tenaient à garder intacte la réputation de sécurité de leur affaire ; c’est pourquoi, de mon temps, ils n’effectuaient leurs opérations qu’avec lenteur et minutie, comme si nous vivions encore à l’époque de la colonisation.

Tout ce que je voulais, moi, c’était obtenir de l’argent et j’offrais mes terres en garantie ; mais avant d’émettre sur ma propriété quelques centaines de nouveaux titres pour les vendre en Europe aux gens timides qui n’ont de l’Amérique qu’une idée assez vague, ils attendaient les résultats des enquêtes rigoureuses et des nombreux voyages d’études de leurs ingénieurs, afin que l’hypothèque ne put en aucun cas être dépréciée dans l’avenir.

L’huissier du président s’inclina à l’entrée dans l’antichambre d’un homme élégamment vêtu et d’allure imposante.

Bien que je fusse à attendre depuis longtemps déjà, il lui ouvrit immédiatement la porte du cabinet présidentiel et crut devoir ensuite me fournir