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s’attacha à déchiffrer pendant une heure le Jardin sous la Pluie.

Intervention

Marc arriva le matin, longtemps avant le déjeuner et le visage résolu.

Il avait rapporté d’un coup tous les livres qu’on lui avait prêtés, — sauf celui de Daniel Vernalle.

Tout remettait Daniel sans cesse devant la pensée !

Sans doute était-ce de cette fatalité que Marc se montrait irrité : son front, entre les sourcils, se contracta de rides brunes. Elle savait à ce signe que son cerveau bouillonnait de paroles contenues : il allait lui faire une scène !

Mais non ! Il se taisait ; et il pâlissait de plus en plus, comme prostré lui aussi sous une emprise étrangère.

Soudain, il éleva sa voix de domination :

— Solange, descendons ensemble à la pelouse !… Je désire que nous allions sur notre Banc.

— Si vous le voulez… Je veux bien.

Sur le seuil de la porte il l’avait captée par la main,… au milieu de l’allée il la prit d’un bras léger par la taille. Elle se dégagea insensiblement et lui immobilisa le poignet.

Il ne trouvait plus rien à lui dire. Le ciel effrayamment pur descendait avec le soleil jusque dans le jardin, tout azur et tout or, étincelant de chaleur. Sa poitrine se pâmait malgré la tristesse des Événements qui les obsédait tous depuis. Lui aussi, durant ces deux jours, n’avait cessé de songer à Daniel, d’une affection pro-