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voyage ; que déjà je repartais, pour plus loin. Le Parc demeurait, lui. Immuable, quoique bientôt nocturne. La brise verte devenait noire. Les oiseaux chantaient plus bas. Mais, sur les ponts métalliques lancés d’un horizon à l’autre, les trains passaient toujours, et toujours silencieux, à cent toises plus haut que la cime des plus hauts arbres. Venant d’où ? allant où ?

À la fin, le Parc s’effaça.

3 : Trois (3)
Je n’ai pas prétendu que Un égalât Trois
Omar Kahyan.

Vers l’ouest et vers le nord, le Parc, évidemment, n’a pas de fin.

Mais, au contraire, il est borné à l’est, par la grille de fer et d’or, rectiligne, qui le sépare de la Ville Moderne ; et, au sud, par l’abîme, rectiligne aussi, au fond duquel gît la Ville Différente.

C’est le bord de l’abîme qui est rectiligne, vous m’entendez bien. Au fait, il n’y a pas d’abîme : il y a deux plaines, l’une très haute, qui est la plaine du Parc, l’autre très basse, qui est la plaine de la Ville Différente ; et il y a une falaise, verticale et rectiligne, orientée d’est en ouest, qui jaillit d’en bas et monte jusqu’en haut. L’écart, d’une plaine à l’autre, est vertigineux : mille toises peut-être, ou dix mille. Et cela tombe tout droit, sans degrés, ni pentes ; à peine quelques ravins, çà et là, abrupts. Les derniers arbres du Parc surplombent le vide ; les premières mai-