Page:Les œuvres libres - volume 24, 1923.djvu/337

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Je me massacrais à supposer que l’immonde crapule « à côté » clouait à son mur des photographies répugnantes, portraits ridicules de ses sales parents et de sa progéniture ratée. Et je voyais le papier de tenture abject qu’il avait choisi entre mille pour étonner, éblouir, charmer les dérisoires visiteurs qui oseraient s’aventurer dans sa porcherie.

— Salaud ! Quel voyou ! non, mais quel voyou !… Hein ?…

L’état d’esprit que paraît révéler ce langage ne ressemble que de très loin à ce doux bercement qui vous mène au sommeil.

Tel qui, bien bordé sous les couvertures qu’il faut et mollement étendu sur un matelas de cuir fourré de plumes, embelli de draps surfins, se refuse à dormir au centre même de la paix campagnarde, à cause que, dans une basse-cour sise à trois kilomètres de là, un jeune coq s’exerce à lancer son beau chant, s’anéantira en un sommeil dûment plombé dans le coin d’un malodorant et peu rembourré taxi en attente au coin de la rue du Quatre-Septembre et de la place de l’Opéra, vers cinq heures de relevée, un jour de semaine ! Il dormira, vous dis-je, à la façon des nouveau-nés, non plus dans le silence, le bien-être et les discrètes odeurs d’un jasmin fleuri pénétrant par sa fenêtre, mais bien dans le vacarme fracassant des autos, des autobus, des autocars et des camions automobiles, dans les sifflets des agents, les engueulades des conducteurs et la hurlante proposition des journaux du soir !

Mais tout ceci n’est rien et l’on n’en finirait point de raconter les caprices de l’insomnie.

L’important, et c’est le seul souci qui me pousse à écrire ces lignes, est de faire connaître comment je me suis guéri et par quel moyen, afin de mettre à même de se guérir aussi les personnes qui, ayant