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et toutes égales entre elles, lèvent vers le ciel, au-dessus de leurs dômes, des points d’interrogation d’un bronze doré, — à cette place que nos églises et nos mosquées d’ici marquent d’une croix ou d’un croissant…

Et tel est l’extérieur du Grand Temple. L’intérieur, naturellement, m’est inconnu, puisque jamais…

Maintenant, écoutez :

Un soir, j’étais là-bas, sur la colline de l’est… oui : dans la Concession… au pied même du socle de granit que je vous ai dit… Non pas seul : d’autres Étrangers, nombreux, étaient alentour… des Étrangers d’ici, et aussi des Étrangers d’ailleurs, de je ne sais … (Il n’importe guère, au fait, puisque, là-bas, tous sont également étrangers, qu’ils soient d’ailleurs ou d’ici.)

Et tous, en effet, ce soir-là, nous admirions d’un même regard, également ébloui, le pesant, le torride, le prodigieux soleil qui se couchait par delà toute la Ville Différente, sur l’horizon occidental que bosselait la colline de l’ouest, très lointaine… Les coupoles violettes et brunes du Grand Temple étaient à peine visibles, au-dessus, parmi la poussière rutilante et lourde qui montait de la Ville, mi-endormie. Et, derrière nous, la nuit blême montait de l’orient.

Or, j’étais très las ; sans doute avais-je, tout le jour durant, couru les ruelles sinueuses de la Ville, parmi l’accablante chaleur d’après-midi…

Tout d’un coup, il y eut un changement. Je ne fus plus sur l’esplanade, au pied du socle de granit. Je fus dans la salle du théâtre, dans la salle aux banquettes de velours rouge, non pas