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frères qui mourût il y a quarante-trois ans. Celui-là, qui est à ma droite, c’est le visage d’un autre disparu, presque aussi consanguin. Et l’autre, qui me fait face, je ne le regarde pas sans que des larmes de tendresse ne brouillent tout de suite mes prunelles : car c’est le visage de mon père, de mon père que j’aimai, qui m’aima, — tant, tant, tant…

Autour de la table ronde au tapis de drap vert, tout le véritable amour est enclos dans la chambre ronde du dernier étage de la Tour. Tout l’amour, avec toute la sagesse définitive. Et, sans doute, c’est de cela, additionné, qu’est faite la paix, cette prodigieuse paix que je viens de connaître. Cette paix, égale au néant, égale à zéro…

6 : Racine Carrée de [moins l’imaginaire]
Ce qu’on n’imagine pas
C. F.

(racine carrée de « moins l’imaginaire »)

Je marche encore. Mais, cette fois, quelqu’un me mène, me conduit, serrant ma main dans sa main. Car voici que je suis redevenu tout petit enfant, et c’est la main de mon père qui serre ma main, et c’est mon père qui me conduit et qui me mène, pour me ramener et me reconduire, — j’imagine, — de là-bas, ici

Nous marchons donc, mon père et moi. Mon père, qui naquit il y a quatre-vingt-seize ans aujourd’hui…

Aujourd’hui, que j’écris, mais non pas aujour-