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Stepa. — Oui, ça vaut mieux !

Boris. — Ça empêche de penser, n’est-ce pas ?

(On entend le bruit des grelots.)

Luba. — C’est ma tante !

(Elle va à sa rencontre. La musique continue. Alina entre avec le père Guérassime et la princesse.)

Le père Guérassime. — Continuez, je vous en prie ; c’est bien agréable.

(La musique cesse Maria entre.)

Alina. — J’ai fait ce que je m’étais proposé de faire. Je suis allé trouver le père Guérassime, et il a bien voulu consentir à m’accompagner. Il se rend à Koursk. Et j’ai là aussi les papiers que m’a préparés le notaire : il n’y a qu’à signer.

Maria. — Je vous suis bien reconnaissante, mon père.

Le père Guérassime. — Que voulez-vous ? Ce n’est pas tout à fait mon chemin, mais j’ai considéré que mon devoir de chrétien me commandait de venir.

(Alina Ivanovna dit quelques mots à voix basse aux jeunes gens. Toute la jeunesse se concerte et tous vont dans le jardin, excepté Boris.)

Alina, s’approchant. — Voilà, père Guérassime, vous seul pouvez nous aider et le convaincre. C’est un homme intelligent, savant, mais vous savez que la science est plutôt nuisible. Il souffre d’une espèce d’aberration. Il prétend, que selon la doctrine chrétienne, l’homme ne doit rien posséder. Cela est-il possible ?

Le père Guérassime. — Séduction, orgueil de l’esprit, insubordination. Les pères de l’Église l’ont assez expliqué.

Maria. — C’est effrayant. Il a entièrement changé son genre de vie ; il s’est mis à travailler lui-même ; il ne permet plus aux domestiques de le servir, et surtout il distribue sa fortune. Hier, il a fait le don d’un bois et d’une terre. J’ai peur, j’ai sept enfants. Parlez-lui. Je vais lui demander s’il désire vous voir. (Elle sort)