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dire que vous ne croyez pas à l’enseignement de l’Église ? À quoi peut-on croire, sinon à l’Église ?

Nicolas. — À Dieu et à sa loi qui nous a été donnée dans l’Évangile.

Le père Guérassime. — L’Église enseigne cette loi.

Nicolas. — Si elle l’enseignait, j’y croirais ; mais elle enseigne précisément le contraire.

Le père Guérassime. — L’Église ne peut enseigner le contraire, car elle a été établie par le Seigneur lui-même.

Nicolas. — Si l’on reconnaît que le Christ a établi une Église, comment puis-je savoir que c’est précisément la vôtre ?

Le père Guérassime. — Comment peut-on renier l’Église ? Elle seul possède la grâce.

Nicolas. — Je l’ai reniée quand j’ai reconnu qu’elle soutient tout ce qui est contraire au christianisme.

Le père Guérassime. — La vérité n’est qu’en elle. Ceux qui se sont éloignés d’elle sont dans l’erreur : l’Église est sainte.

Nicolas. — Je vous ai dit que je ne reconnais pas cela, car il est dit dans l’Évangile…

Le père Guérassime. — L’Église ne permet pas à chacun d’expliquer l’Évangile ; c’est une source d’erreurs ; elle a souci de ses enfants comme une mère ; elle leur donne les explications qui conviennent à leurs moyens. Non, laissez-moi finir. L’Église ne surcharge pas ses enfants de fardeaux au-dessus de leurs forces, mais elle exige l’accomplissement des commandements ; aime, ne tue pas, ne dérobe pas, ne commets pas l’adultère.

Nicolas. — Oui, ne me tue pas, ne me dérobe pas… ce que j’ai dérobé. Nous tous, nous avons volé le peuple, nous lui avons volé la terre, et ensuite nous avons établi la loi, la loi qui défend de dérober. Et l’Église bénit tout cela !

Le père Guérassime. — L’Église reconnaît et sanctifie les autorités établies par Dieu. La séduction, l’orgueil de l’esprit parlent en vous.