est revenu, il avait l’air d’être bien plus malade que quand il est parti. Je ne le reconnaissais plus,
Nicolas. — Ton père, ma petite, c’est un brave homme.
Groucha. — Je le sais bien.
Nicolas. — Il faut l’aimer beaucoup, Groucha.
Groucha. — Mais je l’aime beaucoup.
Nicolas. — Alors, c’est bien…
Groucha. — Comme tu parles doucement, grand-père, et comme tu respires fort. Tu es donc très malade ? Mon grand-père était ainsi avant de…
Nicolas. — Avant de mourir, n’est-ce pas ?
Groucha. — Non ! non ! Avant de guérir.
Nicolas. — Tu es une bonne petite fille, Groucha.
Groucha. — Et toi, tu es un bon grand-père. Si tu n’étais pas si fatigué, je suis sûre que tu me raconterais de belles histoires. Ceux qui ont la barbe blanche savent de belles histoires.
Nicolas. — Tu connais l’histoire du paysan à qui le prince donna tout le terrain autour duquel il pouvait se promener pendant une journée ?
Groucha. — Il avait de la chance, le paysan ! Nous qui n’avons qu’un tout petit champ !
Nicolas. — Seulement, il fallait qu’au coucher du soleil il fût revenu à son point de départ. Sinon, il n’aurait rien.
Groucha. — Alors ?
Nicolas. — Il allait, il allait, et il se disait : « J’ai bien le temps ! Encore cette prairie ! Encore ce bois ! Encore cette terre à blé ! » Mais le soleil déclinait.
Groucha. — Et alors ?
Nicolas. — Alors, il se mit à courir, à courir pour revenir à l’endroit d’où il était parti. Et il se disait : « Je n’arriverai pas à temps. Je n’aurai rien ! » Et il courait plus vite, comme un fou. Il pouvait à peine respirer. Le prince, qui était là-bas et qui l’attendait, lui faisait des signes pour l’encourager : « Viens donc ! Plus vite ! Plus vite ! » Il faisait des efforts