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Plus tard, lorsque j’eus les secrets du Codex symboliste a mixture baudelairienne, une certaine lune levée sur Notre-Dame et le Père-Lachaise, mais considérée d’un balcon suspendu sur la Halle-aux-Vins, s’entendit appeler :

La lune ophéliaque au délire savant


et l’alexandrin commença par m’apparaître un irrésistible progrès sur Jean Reboul et sur Anaïs Segalas. Il y avait du goût, comme disait Claudine.

Faute de m’en bien souvenir, je ne dirai rien d’un peu net d’une certaine évocation d’impératrice de crépuscule sous le nom de Titania, arrangée au goût shelleyen de la reine Mab, car Shelley s’attrapait plus facilement que Shakespeare. Entre temps une promenade dans l’ouest m’ayant conduit à Préfailles, face à Noirmoutiers, les flaques de mer descendante m’inspirèrent divers sonnets fleuris de questions saugrenues :

Quelle nymphe soupire au fond de cette eau morte ?

Un soleil couchant sur Biarritz eut pareille fortune. En ce temps-là, il fut décent de faire l’idiot en vers. La nullité du sens faisait valoir la monture des mots à laquelle on mettait son soin. Comme Verlaine, Tadhade, Banville avaient remis en honneur la forme fixe de la ballade, j’en avais rimé plus d’une, j’en fis beaucoup d’autres hors de propos et sans propos. Plus haut, plus beau, plus difficile que la Ballade, le Chant royal me parut avoir la vertu de rehausser des matières plus communes encore, et je m’y distinguai comme les camarades. Le triolet, honneur de Philoxène Boyer, ne fut point négligé :

La belle qui rôdez la nuit
À pas lents sur des airs de danse
De danses lentes et d’ennui…