Page:Les œuvres libres - volume 42, 1924.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
LA DENT D’HERCULE PETITGRIS

sait. Rouxval étala son dossier. Il en tira deux feuilles qu’il déplia.

— Voici deux actes de naissance. L’un concerne Maxime Lériot, né à Dolincourt, Eure-et-Loir, en 1895. C’est le vôtre, Maxime Lériot. L’autre est celui de Julien de Bois-Vernay, né à Dolincourt, Eure-et-Loir, en 1895. C’est celui de votre fils, monsieur de Bois-Vernay. Donc, n’est-ce pas, même origine et même âge. Ce point est acquis. Voici, maintenant, une lettre du maire de Dolincourt. Les deux jeunes gens avaient eu la même nourrice. Pendant toute leur jeunesse, ils avaient conservé des relations de camaraderie. Ils s’étaient engagés en même temps. Nouvelle certitude.

Rouxval continuait de feuilleter son dossier, et il énonçait au fur et à mesure :

— Voici l’acte de décès de Julien de Bois-Vernay, mort en 1916, à Verdun. Voici la copie du certificat d’inhumation dans le cimetière de Douaumont. Voici un extrait du rapport de l’adjudant Lériot qui recueillit « dans une tranchée, longeant la route de Fleury à Bras, et près d’un ancien poste de secours, la dépouille desséchée, mais intacte d’un fantassin inconnu… » Enfin, voici le relevé topographique de la région. L’ancien poste de secours est ici, à cinq cents mètres du cimetière où fut inhumé Julien de Bois-Vernay. J’ai été de l’un à l’autre. J’ai fait creuser le sol : la tombe est vide. Qu’est devenu le cercueil de Julien de Bois-Vernay ? Qui l’a enlevé du cimetière de Douaumont ? Qui, sinon vous, Maxime Lériot, vous l’ami de Julien, vous l’ami du comte et de la comtesse de Bois-Vernay ?

Aucune des phrases de Rouxval qui ne contribuât à l’établissement d’une vérité dont l’évidence s’imposait. Toutes enveloppaient l’ennemi d’arguments irrécusables. Il n’y avait qu’à se soumettre.

Rouxval s’approcha de Lériot et lui dit, les yeux dans les yeux :

— Certains points demeurent obscurs. Est-il