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Page:Les œuvres libres - volume 42, 1924.djvu/63

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LA DENT D’HERCULE PETITGRIS

suivit un long silence, tout pesant de gêne et d’anxiété. Mme de Bois-Vernay respira des sels que son mari lui tendit. Elle semblait très faible et sur le point de s’évanouir.

À la fin, Maxime Lériot débita quelques explications confuses :

— Il y a en effet des choses… qui ont pu vous faire croire, monsieur le Ministre… Mais il y a aussi des erreurs, des malentendus…

Incapable de dissiper lui-même ces erreurs et ces malentendus, il se tourna vers le comte pour lui demander assistance. Celui-ci regarda sa femme, en homme qui craint d’engager une lutte dangereuse et qui se demande sur quel terrain il l’acceptera. Puis il se leva et dit :

— Monsieur le Ministre, me permettrez-vous de vous poser une question ?

— Certes.

— Il arrive, monsieur le Ministre, que, par la tournure que vous avez donnée à l’entretien, nous sommes ici tous les trois, en face de vous, comme des coupables. Avant de nous défendre contre une accusation que je n’ai pas encore bien saisie, je voudrais savoir à quel titre vous nous interrogez, et en vertu de quel pouvoir vous exigez que nous répondions.

— En vertu, monsieur, répliqua Rouxval, de mon très grand désir d’étouffer une affaire qui, rendue publique, aurait pour mon pays des conséquences incalculables.

— Si l’affaire est telle que vous l’avez exposée, monsieur le Ministre, il n’y a aucune raison de croire qu’elle puisse devenir publique.

— Si, monsieur. Sous l’influence de la boisson, Maxime Lériot a prononcé quelques paroles qui n’ont pas été comprises, mais qui ont donné lieu à des interprétations, à des bruits…

— Des bruits faux, monsieur le Ministre.

— N’importe ! j’y veux couper court.

— Comment ?