Page:Les Agronomes latins, Caton, Varron, Columelle, Palladius, traduction Nisard, 1877.djvu/19

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planter ; mais il réfléchira longtemps avant de bâtir. Pour planter, ce n'est pas la réflexion qu'il faut, c'est l'action. Si son domaine est planté, l'agriculteur pourra songer à bâtir lorsqu'il aura atteint sa trente-sixième année. Bâtissez dans de telles proportions que votre domaine soit en rapport avec vos constructions, et vos constructions avec votre domaine. ll faut qu'un père de famille possède de beaux bâtiments d'exploitation, qu'il y réunisse des celliers pour l'huile, pour le vin, des futailles nombreuses, afin qu'il puisse attendre la hausse ; ce qui augmentera sa fortune, et donnera du relief à sa prudence et à sa réputation. Il aura de bons pressoirs, afin que le travail soit bon. De peur qu'elle ne s'altère, l'olive sera pressée immédiatement après la récolte. Songez aux grandes tempêtes qui arrivent tous les ans, et qui ne manquent pas de faire tomber les olives. Si vous faites la récolte de bonne heure, et que vos ustensiles soient en ordre, vous n'aurez rien à redouter des tempêtes, votre huile sera meilleure et plus verte. Si au contraire l'olive séjourne trop longtemps sur le sol ou sur un plancher, elle pourrit, et ne produit qu'une huile désagréable. Toute espèce d'olive donne une huile verte et de bon choix, si on la fabrique à propos. Sur une surface de cent vingt arpents plantés d'oliviers, il faut avoir deux assortiments d'ustensiles. Si les arbres sont vigoureux, les rangs serrés et la culture judicieuse, il faudra trois machines solides et isolées, afin que si les meules venaient à se briser, on puisse en avoir de rechange ; chaque machine aura ses lanières de cuir ; on réunira six leviers, douze aiguilles, des câbles particuliers, deux moufles grecques glissant sous des cordes de genêt. On marchera plus vite avec huit poulies en haut et six en bas ; si on veut faire des roues, le travail est moins expéditif, mais aussi moins pénible.

Chapitre 4

II faut avoir des étables bien construites, et un bon voisinage. Ayez de bonnes étables, de bonnes écuries, et des râteliers. : les barres de ceux-ci seront distantes d'un pied avec cette disposition, les boeufs ne gaspilleront point leur nourriture. Ayez des bâtiments de maître en rapport avec votre fortune. Si votre campagne est assise sur un bon fond, bien construite et orientée ; si elle est meublée convenablement, vous la visiterez plus souvent et plus volontiers ; elle s'améliorera, on commettra moins de fautes, et on récoltera davantage, car rien ne remplace l'oeil du maître. Soyez affable à l'égard de vos voisins, et n'offensez pas vos gens sans raison. Si vous obtenez l'affection du voisinage, vous écoulerez plus facilement vos produits, et vous trouverez sans peine des bras pour exécuter vos travaux à la journée ou à forfait. Si vous bâtissez, ils vous aideront en payant de leur personne, ou en vous donnant leurs attelages et leurs matériaux. S'il vous arrive quelque chose de fâcheux (ce qu'à Dieu ne plaise !), ils vous prêteront une assistance bienveillante.

Chapitre 5

Devoir de l'intendant. Voici les devoirs de l'intendant : toute sa conduite sera bien réglée ; il observera les jours de fêtes, respectera le bien d'autrui et fera respecter le sien. Il apaisera les disputes de ses domestiques ; si quelqu'un a commis une faute, la punition sera équitablement proportionnée au délit. Il veillera à ce qu'ils soient bien entretenus, qu'ils ne souffrent ni la faim ni la soif, et surtout à ce qu'