moi la résolution de ne plus voir l’hôtesse qui
mettait la table d’une si drôle de façon. La société
changea précisément le lieu de ses séances,
ce qui fit qu’elle n’y vint plus, et cela favorisa
mon projet de rupture. Mais au lieu d’elle il
y vint un ébéniste et sa femme, affligée de 26
ans, qui n’eut pas besoin de m’inviter à danser
car je ne tardai pas à m’attacher à elle pour le
bon motif. Elle promettait un tempérament
ardent par ses yeux noirs, son teint mauresque
et sa bouche toujours mouillée. Bientôt nous
en vinmes aux attouchemens favorisés par l’usage
où on était de se réunir en cercle, pêle-mêle
à la fin de la séance, pour jouer à des jeux que
dans ce siècle positif on devrait bien cesser d’appeler
innocens. Le président qui s’était apperçu
de notre intelligence, avait soin de se placer
devant nous, afin de nous cacher, ce qui
donnait pleine liberté à nos mains, mais elle
n’était pas femme à se contenter long-temps
de jeux d’enfans. Ayant su où je travaillais,
elle prétexta une commission de ce côté, et vint
me trouver. Justement j’avais moi-même affaire
aux Champs-Élisées, je l’y conduisis ayant soin
d’entrer plusieurs fois en route dans différens
endroits pour la faire rafraîchir avec des boissons
échauffantes : elle voulut me reconduire à
mon travail. C’était où je l’attendais, il fallait
passer devant les Trois-Lurons, et je leur étais
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