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BIBLIOGRAPHIE

seulement quelques-uns, qui sans doute peuvent se rencontrer hors du romantisme et ne le constituent pas tout entier, mais qui se trouvent chez tous les romantiques, on peut dire de Stevenson, un peu comme de Barbey, qu’il est le dernier des romantiques. Je parle de cet idéal de vie désordonnée, livrée aux événements, loin de toute règle, même intérieure, et de cet amour de l’exotisme qui transformèrent la vie de tout bon romantique en quelque chose de dispersé, d’extérieur, toute à la passion du moment. Il y aura longtemps encore et sans doute toujours de ces existences liées aux contingences de l’extérieur, mais tous les romantiques, et Stevenson en particulier, nous montrent très nettement la valeur pratique de cette liberté qui ne veut jamais se borner.

« Gendelettre de 25 ans qui jette sa gourme à tous les vents, qui a des instincts, des goûts d’enfant toujours gâté, aucune règle et le besoin pour se poser, d’un de ces événements inattendus, comme en connaissent toutes les existences » une « grande passion, » fut le centre de sa vie. S’il est vrai que la santé est préférable à la folie, on ne dira jamais assez de mal de l’amour-passion, ou plutôt assez de vérités. Dès la rencontre de là femme aimée, Stevenson entre en une période de ce délire trop connu pour que je le décrive ici : il achève de ruiner sa santé pour conquérir sa femme, il subit les horreurs des procédures, et, en bon phtisique qu’il est, il achève de se démolir par la possession de celte femme, d’ailleurs charmante, « spirituelle et tendre. » N’est-ce pas l’amour romantique et une vie bien romantique ?

Il est encore une autre tendance des romantiques que l’on peut retrouver chez Stevenson, la rechei’che de l’exotisme. Stevenson, écrivain anglais de race écossaise, commence parpréférer la forêt de Fontainebleau et Barbizon ; c’est ensuite l’Amérique orientale et les environs de SanFrancisco qui le captivent ; et enfin pendant un voyage en Polynésie, il s’arrêta dans l’île Samoa, où il termina sa vie, aimé des indigènes qu’il protégeait et qui l’avaient nommé Tusitala, le conteur. Nos écrivains romantiques n’allèrent pas jusqu’à cette activité, mais ils sont comme les inspirateurs d’une vie si mouvementée et si déréglée.

L. Th.

Librairie Deut (Londres). — Studies in frose and Verse, par Arthur Symons, in-8° 1904, 7 s. b. d.

M. Arthur Symons, poète de grande valeur et essayiste de talent, vient de publier un volume qui contient quelques essais se rapportant