Page:Les Auteurs latins expliqués d’après une méthode nouvelle. Népos - Vie des grands capitaines, 1869.djvu/156

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nombre de ses gens. Ce mépris leur fut fatal, et salutaire à celui qui en était l’objet ; car il retarda la poursuite des uns, et rendit les autres plus forts, en leur donnant le temps de se préparer. Tant doit être gravée dans tous les esprits cette maxime, que, dans la guerre, il ne faut rien négliger ; et tant on a raison de dire, qu’on voit rarement pleurer la mère de l’homme qui sait craindre à propos. Cependant les forces de Thrasybule n’augmentèrent pas autant qu’il le pensait[1] ; car, dès ce temps-là, les gens de bien parlaient plus courageusement pour la liberté qu’ils ne combattaient pour elle. Thrasybule passa de là au Pirée, et fortifia Munychie. Les tyrans en tentèrent deux fois l’attaque, et deux fois, honteusement repoussés, ils se réfugièrent au plus tôt dans la ville, après avoir perdu armes et bagages. Thrasybule fut aussi modéré que courageux ; il défendit de maltraiter ceux qui se rendaient, pensant qu’il était juste que des citoyens épargnent des citoyens. Il n’y

  1. Ses forces s'élevèrent selon Diodore à 1200 hommes; mais Xénophon dit qu'il n'eut d'abord que 700 compagnons, 1000 ensuite.