Page:Les Auteurs latins expliqués d’après une méthode nouvelle. Népos - Vie des grands capitaines, 1869.djvu/278

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tous les autres en éloquence, les conjurait au contraire de s’attacher aux peuples de l’Attique. Dans sa harangue, il déclama beaucoup contre les habitants de Thèbes et d’Argos, et, parmi ses invectives : « Arcadiens, dit-il, considérez quels hommes ont enfantés l’une et l’autre ville, et par ceux-là jugez des autres. Oreste et Alcméon, deux parricides, étaient d’Argos ; Oedipe, qui, après avoir tué son père, eut des enfants de sa propre mère, était né à Thèbes[1]. » Épaminondas, répondant à ce discours, après avoir fini de parler sur les autres allégations de Callistrate, en vint à ces deux derniers reproches. Il s’étonna de la sottise du rhéteur athénien, qui n’avait pas réfléchi que ces hommes étaient nés innocents, et qu’ayant été chassés de leur patrie après y avoir commis leurs forfaits, ils avaient été reçus par les Athéniens. Mais son éloquence brilla principalement à Sparte. Les députés de tous les alliés s’y étaient réunis[2] ; il censura si fortement, devant cette nombreuse

  1. Oreste, tua sa mère Clytemnestre qui avait assassiné Agamemnon; Agamemnon était le père d'Oreste et l'époux de Clytemnestre. Alcméon était le fils d'Amphiaraos et d'Ériphyle. Cette dernière, séduite par un collier que lui avait offert Adraste (ou Polynice), persuada son mari d'aller combattre contre Thèbes; en tant que devin, Amphiaraos savait qu'il y périrait. Avant son départ, il fit promettre à son fils Alcméon de venger sa mort: de fait, Alcméon tua sa mère. Oedipe tua Laïos, sans savoir qu'il était son père, et épousa Jocaste (ou Épicaste chez Homère) sans savoir qu'elle était sa mère. Quand il s'aperçut de ses crimes, il se creva les yeux et quitta Thèbes comme un vagabond.
  2. Cette assemblée se composait de dix mille députés; elle se tenait à Mégalopolis.