Page:Les Auteurs latins expliqués d’après une méthode nouvelle. Népos - Vie des grands capitaines, 1869.djvu/66

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fois ; que les Lacédémoniens agissaient mal et avec injustice, en considérant plus l’intérêt de leur domination que celui de toute la Grèce ; qu’ainsi donc, s’ils désiraient le retour des députés qu’ils avaient envoyés à Athènes, ils le renvoient lui-même ; car autrement ils ne les reverraient plus. »

VIII. Malgré tant de services, Thémistocle n’échappa point à l’envie de ses concitoyens. La même crainte qui avait causé la condamnation de Miltiade le fit bannir par l’ostracisme[1]. II alla vivre à Argos. Comme il y jouissait d’une grande considération, grâce à ses vertus, les Lacédémoniens envoyèrent des députés à Athènes, pour l’accuser, en son absence, de s’être uni avec le roi de Perse afin d’opprimer la Grèce. Sur cette accusation, il fut condamné comme traître, sans être entendu. À cette nouvelle, ne se trouvant pas assez en sûreté dans Argos, il se retira à Corcyre[2]. Là, s’étant aperçu que les principaux citoyens craignaient que les Spartiates et les Athéniens

  1. Ostracisme, ainsi appelé d'un mot grec qui signifie coquille, parce que c'était sur une coquille que les votants écrivaient le nom de l'accusé. Le bannissement prononcé par l'ostracisme était de dix ans.
  2. Corcyre, aujourd'hui Corfou: île et ville de la mer Ionienne, près de l'Épire. Les Corcyréens étaient redevables à Thémistocle qui, choisi pour arbitre entre eux et les Corinthiens, avait prononcé en faveur des premiers (voir note n°2).