Page:Les Aventures de Huck Finn.djvu/102

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cher, et alors Jim se serait dépêché de me donner de ses nouvelles. S’il se taisait, c’est qu’il était déjà loin. Je courais plus de risques que lui ; un canot se défonce là où un radeau tient bon.

Enfin, il me sembla que la route restait libre. J’étais tellement fatigué que je m’allongeai au fond de la barque sans autre intention que de me reposer un peu. Je ne tardai pas à m’endormir. Lorsque je me réveillai, les étoiles brillaient et le courant entraînait le canot au milieu d’une grande courbe du fleuve. D’abord je ne me rappelai plus où j’étais, et, quand la mémoire me revint, il me sembla que mes souvenirs dataient de la semaine passée.

Je me mis à bâiller et à m’étirer les bras.
Je me mis à bâiller et à m’étirer les bras.

À l’endroit où je me trouvais le Mississipi avait une largeur effrayante. Vus à la lueur des étoiles, les arbres qui le bordaient paraissaient former un mur impénétrable.

Droit devant moi, je distinguai sur l’eau un point noir vers lequel je me dirigeai à force de rames. C’était le radeau !

Jim, profondément endormi, se tenait assis, la tête sur les genoux,