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XXVI
tom rentre en scène.


Je partis donc dans la carriole de M. Phelps. Arrivé à mi-chemin de la ville, je me félicitai d’avoir si bien pris mes précautions. Clic, clac ! j’entendis venir une voiture de louage conduite par un nègre, et à côté du cocher, j’aperçus Tom Sawyer. Je m’arrêtai jusqu’à ce qu’ils m’eussent rejoint, puis je criai :

— Halte-là !

Le nègre retint son attelage et Tom demeura bouche bée.

— Pas possible ! C’est toi, Huck ? Les bras m’en tombent !

— Tu vois bien que c’est moi.

— Ah ! tu peux te vanter de m’avoir fait peur. On te croyait mort. Tu n’as donc pas été noyé ? Comment te trouves-tu ici ?

— Je t’expliquerai ça plus tard. Pour le quart d’heure, nous avons d’autres chats à fouetter. Si j’avais quelqu’un pour tenir mes rênes, je serais déjà près de toi. Dis à ton cocher de t’attendre une minute et grimpe dans ma carriole.

Dès qu’il fut monté, dès que nous eûmes échangé une cordiale poignée de main, je m’éloignai un peu de l’autre voiture, et sans lui donner le temps de m’interroger, je lui racontai l’erreur de tante Sally.

— La bonne histoire ! s’écria-t-il. Je l’aime mieux que celle de ta noyade. Comment as-tu pu nous laisser croire à ta mort ?

— Pour le moment il ne s’agit pas de ma noyade, répliquai-je. Allons au plus pressé. Pour ma part, je ne trouve pas ma position si drôle ; ton arrivée me met dans un fier embarras.

— Bah ! lorsque tante Sally apprendra que tu es mon ami, elle t’ouvrira encore les bras.