Page:Les Aventures de Huck Finn.djvu/282

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— Oui, ajoutai-je, et si Mme Douglas tient toujours à me civiliser, je tâcherai de me laisser faire, pourvu qu’elle vienne en aide à Jim.

— Tu auras raison, me dit Tom, car elle t’a joliment regretté. Ce n’est pas elle qui nous empêchera de nous amuser. Elle a presque promis de demander à notre tuteur, M. Thatcher, de m’acheter un fusil aux vacances prochaines, et j’espère que tu en auras un aussi.

— Un fusil ! quelle chance !… Mais non… Tu oublies que M. Thatcher ne doit plus avoir d’argent à moi. On me croyait mort et mon père n’aura pas manqué de réclamer ma part.

— Tu te trompes. Tes 6 000 dollars sont toujours là, avec les intérêts. Ton père ne s’est pas remontré.

— Il ne reviendra jamais, dit le nègre.

— Comment le sais-tu ?

— N’importe comment je le sais ; il ne reviendra pas.

La balle qui l’a blessé.
La balle qui l’a blessé.

Pressé de questions, Jim finit par répondre :

— Eh bien, c’est lui qui était dans la maison flottante où nous sommes entrés avant de quitter l’île Jackson. Voilà pourquoi il ne reviendra pas.

Mes aventures sont finies, car tante Polly nous a ramenés à Saint-Pétersbourg, où je suis en train de me civiliser. Mon vieux Jim possède une petite ferme que sa femme et ses deux enfants l’aident à cultiver. Si Tom boite encore un peu de temps à autre, c’est qu’il le fait exprès ; il est bien aise qu’on lui demande à voir la balle qui l’a blessé et qui figure parmi les breloques attachées à sa chaîne de montre.