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N° 44. — 2e Année.


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Les Belles Images

16 Février 1905


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L’HÉRITAGE DE LA FAMILLE CASSONADE, par G. RI

M. et Mme Cassonade vivaient heureux et tranquille» au sein d’une honnête aisance qu’ils avaient amassée dans leur boutique d’épicerie, une des plus achalandées du quartier Mouffetard…

… lorsqu’un beau matin, le facteur leur apporta un pli recommandé. C’était une lettre d’un oncle d’Amérique qui les priait de venir immédiatement le rejoindre…

… car il était très malade et voulait les voir avant de mourir pour les instituer légataires universels des millions qu’il avait gagnés dans le saindoux. Cette nouvelle causa des transports de joie aux Cassonade.

Dès qu’ils furent un peu calmés, ils consultèrent les cartes géographiques pour trouver la situation exacte du pays où habitait cet oncle merveilleux.

N’ayant pu le découvrir, ils appelèrent leur fils, le jeune Anatole, qui venait d’avoir un premier prix de géographie ; mais il ne trouva rien non plus, parce que c’était un atlas tout neuf, dont il n’avait pas l’habitude de se servir.

En désespoir de cause, on décida de recourir aux lumières du cousin Libellulus, savant distingué, grand collectionneur devant l’Éternel.

Celui-ci leur montra, sur le globe terrestre, la localité où résidait le millionnaire. C’était un petit pays de l’Amérique du Sud au-delà de Montevideo. Puis les Cassonade insistèrent vivement auprès de leur cousin, pour qu’il fit partie du voyage.

Lorsqu’ils furent sortis, M. Libellulus réfléchit que sa collection de papillons d’Amérique était vraiment trop incomplète et qu’un voyage, tous frais payés, était une occasion qui ne se présentait pas tous les jours, aussi s’empressa-t-il de faire savoir…

… à ses cousins qu’il acceptait leur invitation. De retour chez lui, M. Cassonade céda immédiatement sa boutique à son garçon Nepomucène, car il ne convenait pas qu’un futur millionnaire vécût une minute de plus derrière un comptoir !

Puis, comme il était indispensable de se présenter dans une tenue élégante, on fit de nombreux achats utiles et surtout agréables, le tout payable chez l’oncle millionnaire.

Enfin, arriva l’heureux jour du départ où toute la famille se rendit au chemin de fer, le cœur léger et l’âme contente.

Mais, dans leur précipitation, ils avaient indiqué au cocher une fausse gare. Ce ne fut qu’au guichet qu’ils s’aperçurent de leur erreur, si bien qu’ils manquèrent leur train.

(Voir la suite page 2.)