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CHAPITRE XV

Jean au collège. — Il endommage le nez de Lepéligas et compromet l’avenir d’un thuya.


Prenez un collégien à part, j’entends un collégien de Châtillon-sur-Louette, qu’il soit hardi ou timide, gai ou triste, laborieux ou paresseux, c’est après tout un garçon comme un autre. Prenez vingt collégiens réunis, ce sont vingt diables déchaînés, du moins à ce qu’ils prétendent. Les garçons, en effet, une fois qu’ils sont ensemble, obéissent à un sot esprit de corps ; ils semblent prendre à tâche de se modeler sur un certain idéal de brusquerie, d’indépendance farouche, de goguenardise, de gouaillerie et de rudesse : « c’est le genre ! » Quiconque n’a pas ce genre se hâte de le prendre ou tout au moins de l’affecter. Pour bien juger le collégien, il ne faut pas le juger sur la mine, ni prendre au pied de la lettre tout ce qu’il cherche à faire croire sur lui-même.

Quoi qu’il en soit, le jour où Jean entra comme externe dans la classe de troisième, il vit et entendit des choses qui l’étonnèrent sin-