Page:Les Braves Gens.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XXI

M. Karl Schirmer, un bien bon jeune homme, plaît aux uns et déplaît aux autres.


Le jeune M. Schirmer gênait donc un peu, et même beaucoup, tous ces braves gens qui, n’ayant pas longtemps à demeurer ensemble, auraient assez aimé à n’avoir pas d’étranger parmi eux. Mais il ne paraissait pas s’apercevoir qu’il gênait. Il avait une façon de sourire, aussitôt que vous l’approchiez seulement à vingt pas, qui vous désarmait par sa naïve vanité : il n’était pas loin de croire que sa présence ajoutait un grand charme au séjour de la maison. D’ailleurs, il était si doux, si humble, si obligeant ; il était si gai quand on était gai, si affligé quand on était triste, si rempli d’affection et d’admiration pour toute la famille en général et pour chacun des membres en particulier, qu’on s’en voulait presque de le trouver importun.

Quand on lui parlait de son père, de sa mère ou de sa sœur, il jetait au plafond des regards inspirés, ses boucles blondes frissonnaient de tendresse, les larmes lui venaient aux yeux (surtout à la fin des repas)