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Page:Les Braves Gens.djvu/21

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CHAPITRE II

Un cabaretier grognon, un huissier réjoui et un créancier précoce.


En général, les huissiers, si vertueux qu’ils soient, ne sautent pas à bas de leur lit à quatre heures du matin uniquement pour voir lever l’aurore. Aussi n’était-ce pas pour jouir de la vue de ce phénomène que maître Loret avait quitté sa couche avant l’aube.

Comme la chambre du digne homme donnait sur une cour aussi étroite qu’on peut le souhaiter, et que cette cour était encaissée entre de hauts bâtiments enfumés, il se fit la barbe presque à tâtons et se taillada quelque peu la joue droite, une bonne joue bien dodue ; et la joue gauche était dodue aussi ; et M. Loret était dodu et trapu, mais leste et dispos. En un instant il eut boutonné sur sa poitrine carrée un paletot à longs poils, qui avait vu de meilleurs jours, et qui commençait à devenir chauve à l’endroit des coudes. L’homme dodu prit dans un coin un gourdin trapu et noueux, et se dit : « J’ai idée que