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LES BRAVES GENS.


CHAPITRE XXVI

Conduite de Jean dans sa première affaire d’honneur.


Dès son arrivée au régiment, Jean avait éprouvé une déception dont il s’était bien gardé de dire un mot dans ses lettres. Il était parti plein d’enthousiasme au-devant du danger, et il rencontrait tout d’abord l’ennui et même quelques dégoûts. Il avait cru, dans son ardeur, qu’il suffit de dire : « Je vais me battre, » pour marcher droit à l’ennemi, et le régiment ne recevait pas d’ordres ; et il lui fallait, bon gré mal gré, ronger son frein et mener la vie de garnison. Quand il parlait de son désir d’assister à une bataille, il était tout surpris de voir quelques-uns de ses camarades lever les épaules et répondre qu’on en verrait assez tôt comme cela.

Quelques jours après son arrivée, un grand escogriffe de mauvaise mine, avec des yeux trop rapprochés et un grand nez crochu qui tombait sur des moustaches hérissées, l’avait pris à part et lui avait dit :

« Conscrit, comment t’appelles-tu ?

— Jean Defert.