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Page:Les Braves Gens.djvu/31

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CHAPITRE III

Charles Jacquin donne un échantillon de ses talents à Marguerite et à Marthe.


Ce même jour, les deux demoiselles Defert (deux bien jeunes demoiselles, car Marguerite avait douze ans, et Marthe huit) étaient occupées dans la salle d’étude, qui donnait sur le jardin.

Marthe, les deux coudes étalés, contre toutes les règles de l’art calligraphique, avec ses belles boucles brunes éparses sur ses bras et jusque sur son cahier, confectionnait, en tirant bien fort la langue, une page d’écriture. Dieu aime les enfants laborieux, disait le modèle ; et Marthe, de ligne en ligne, répétait que Dieu aime les enfants laborieux. Mais comme Marthe avait le nez sur son cahier, elle ne pouvait juger de la perspective, et ses mots se penchaient de plus en plus. Tout à coup, elle se releva, poussa un soupir et dit : « Bon ! voilà encore mes lettres qui se penchent pour se sauver de la page, comme dit M. Dionis. Oh ! mais, il ne sera pas content de moi