Page:Les Cahiers de la quinzaine - série 10, cahiers 11 à 13, 1909.djvu/265

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« De quel éclat brillaient dans la bataille
Ces habits bleus par la Victoire usés.
La liberté mêlait à la mitraille
Des fers rompus et des sceptres brisés.

Les nations, reines par nos conquêtes,
Ceignaient de fleurs le front de nos soldats.
Heureux celui qui mourut dans ces fêtes !
Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas ! »

Il faudra même, dit l’histoire, il faudra que je fasse une enquête, et une sérieuse, une enquête philologique et critique enfin sur ces beaux vers. Car ce Béranger est mort en 57, et les Châtiments ont été composés au moins depuis 51. Et il est bien impossible de ne pas reconnaître dans ces beaux couplets quelques-uns des plus beaux vers de mon grand ami. Le vers admirable de l’Expiation :

Comprenant qu’ils allaient mourir dans cette fête,

y est tout entier :

Heureux celui qui mourut dans ces fêtes !

Et les accentuations des soldats de l’an II : (à l’obéissance passive)

Ils chantaient, ils allaient, l’âme sans épouvante
Et les pieds sans souliers !

Au levant, au couchant, partout, au sud, aux pôles,
Avec de vieux fusils sonnant sur leurs épaules,