Page:Les Cahiers de la quinzaine - série 10, cahiers 11 à 13, 1909.djvu/282

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sans un soutien, sans un mécanisme, sans un support de peuple, sans une matière, sans un peuple qui fût tout cela, sans un peuple corps, en un mot sans une patrie. Au sage il a fallu la cité hellénique ; au prophète il a fallu la race et le peuple d’Israël ; au saint il a fallu le peuple chrétien. Et certains peuples de l’Occident, au moins pour commencer. Et il n’est pas jusqu’à cette sorte de préformation temporelle de l’Empire romain dans et pour l’avènement du christianisme, si importante, qui charnelle, corporelle, matérielle, ne nous paraisse en effet d’une importance comme excessive, très vraiment inquiétante. Nos positivistes apprendront la métaphysique comme nos pacifistes apprendront la guerre. Nos positivistes apprendront la métaphysique à coups de fusils. Mutuels. Je veux dire qu’ils donneront et qu’ils recevront. Ils apprendront même la psychologie. Ils apprendront la relation du corps d’un peuple à un esprit d’un peuple. Nos antimilitaristes apprendront la guerre, et la feront très bien. Nos antipatriotes apprendront le prix d’une patrie charnelle, d’une cité, d’une race, d’une communion même charnelle, et ce que vaut, pour y appuyer une Révolution, un peu de terre.

Fils de vaincus, nés dans un peuple de vaincus, nous avons été vaincus nous-mêmes. Et en personne, si je puis dire. Vaincus dans notre peuple et comme peuple, une première fois, au premier degré, nous l’avons été