Page:Les Cahiers de la quinzaine - série 10, cahiers 11 à 13, 1909.djvu/286

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aucunement. Je disais, je prononçais, j’énonçais, je transmettais une certaine affaire Dreyfus, l’affaire Dreyfus réelle, où je trempais, où je n’avais pas cessé de baigner ; où nous n’avons pas cessé de tremper, nous autres de cette génération ; c’était ce que je nomme l’affaire Dreyfus. Il entendait, il recevait un certain système, un certain arrangement, une certaine théorie, un certain arbitraire, homothétique au premier ; ou plutôt, non pas homothétique au premier ; ni aucunement superposable au premier, réellement et moléculairement, histologiquement superposable ; ni élémentairement substituable ; mais grossièrement, pratiquement, commodément, finalement et définitivement bon à mettre à sa place pour qui le veut bien, pour qui a le cœur et le contentement facile, pour qui est d’avance résolu à s’en contenter ; comme dans une vieille église française on peut toujours remplacer la rosace abolie, dans le besoin, par quelques carreaux de plâtre. Cela tient la même place ; et même, pour qui veut s’en contenter, par la substitution même cela a sensiblement la même forme.

Seulement cela ne fait pas le même office.

La réalité, l’événement de la réalité, l’événement réel est cette rosace réelle aux fleurs de rose infiniment fouillées. L’histoire, l’événement de l’histoire sont ces carreaux de plâtre qu’aussitôt la rosace abolie nous mettons au même lieu, chacun tous tant que nous sommes selon notre petit entendement, selon nos petits moyens et notre petite capacité. Selon notre petit commerce. Après la rosace abolie et seulement alors et à défaut de la rosace abolie quand nous sommes corrects. Avant même et au besoin en la démolissant, nous-