Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/13

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quarde, tant que diriez que c’est la tête d’une marote ou d’une idole. Au regard des brassières, elles sont de satin cramoisi, paille ou blanc, de velours ou de toile d’or et d’argent, que les femmes excellent à choisir. Elles ont colliers autour du cou, bracelets d’or, et sont plus couvertes de bijoux que des idoles ou des reines de cartes ; leur lit est garni de draps de Hollande ou de toile de coton de la plus grande finesse, et si bien apreté que pas un pli ne passe l’autre ; le bois est taillé à l’antique et orné de marqueteries et de devises7. »

Gratien du Pont, au commencement du seizième siècle, dans son poème satirique contre le sexe féminin, a tracé un tableau du même genre ; seulement, il y ajoute plusieurs détails qui appartiennent à l’époque où il écrivoit. En reproduisant les discours que les muguettes ou femmes à la mode avoient entre elles, il leur fait tenir ces propos : « Helas ! commère, avez-vous vu la pompe et la braguerie d’une telle, qui est en couche ? C’est une vraie moquerie : elle a deux lits, la popine accouchée ! et celui qu’elle occupe est admirablement dressé, un lit à l’antique peint d’or et d’azur, incrusté de nacre. Près d’elle est un muguet, beau parleur et poëte ; un prothonotaire qui entretient la dame de ses beaux discours. Il est assis sur une des chaises de drap d’or ou de soie qui parent la chambre au nombre de cinq ou six. La couchette, et même la chambre, sont tendues de même étoffe ; enfin cette chambre, toute parfumée, est aussi riche que celle d’une duchesse


7. Voyez, sur Jean Castel, t. 2 (1re série), p. 461 de la Bibliothèque de l’école des chartes, un article curieux de M. J. Quicherat.