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Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/154

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entière, et usoit de toutes sortes de complimens. Après qu’il fust sorty, je m’enquestay quel il estoit : l’on me dit qu’il estoit fils d’un chirurgien ; mais jamais je ne vis rien de plus leste, car il a mine de quelque courtisan. Aujourd’huy l’on ne cognoist


Bouffant en deux roses enflées
Comme deux laictues pommées ;
Le bas de Milan, le castor
Orné d’un riche cordon d’or.
L’ondoyant et venteux pennache
Donnoit du galbe à ce bravache ;
Un long flocon de poil natté
En petits anneaux frizotté,
Pris au bout de tresse vermeille,
Descendoit de sa gauche oreille ;
Son collet bien vuidé d’empois
Et dentelé de quatre doigts ;
D’un soyeux et riche tabit
Estoit composé son habit ;
Le pourpoint en taillade grande,
D’où la chemise de Hollande
Ronfloit en beaux bouillons neigeux
Comme petits flots escumeux ;
Le haut de chausse à fond de cuve,
La moustache en barbier d’estuve,
Et recoquillé à l’escart
Comme les gardes d’un poignard ;
La barbe, confuse et grillée,
En pirainide estoit taillée
Ou en pointe de diamant.
Ce mignon alloit parfumant
Le lieu de son odeur musquée.
La mouche, à la tempe appliquée,
L’ombrageant d’un peu de noirceur,

Donnoit du lustre à sa blancheur.

(Le Banquet des Muses, satires divers du sieur Auvray, etc., p. 191–192.)