Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/156

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en entre plus qu’il n’en sort : je dis des marchands ; aussi a-il une assez jolye femme ; je ne dis pas qu’elle face l’amour, car il y a long-temps qu’il est fait, outre qu’elle est prescritte et ne sert plus qu’à un, dit-on, qu’elle nomme son frère.

La femme du medecin replicqua : Quoy ! Madamoiselle, seroit-il possible qu’elle fust entretenuë par son frère ? — Madame, dit la damoiselle, on le dit ainsi, proche la ruë aux Ours. — Madamoyselle, ils meriteroyent donc tous deux d’estre punis, car c’est un grand peché16.

Mais, dit la damoiselle, que doit-on juger d’une femme qui descouche quelquefois au desçeu de son mary, comme elle fait ? — Vramy, Madamoiselle, dit la femme d’un medecin, c’est pour donner suject de mal parler d’elle, beaucoup plus que ces filles qui avoyent esté perduës l’espace de vingt-quatre heures, car elles ont esté emmenées contre leur volonté, et non pas elle, qui ne pouvoit pas estre forcée. — Il est vray, dit la damoiselle.

— Je ne sçay, dit la femme du medecin, si je


16. Ces histoires d’inceste n’étoient pas rares alors. Quelques années auparavant il avoit couru dans Paris un livret portant ce titre : La grande cruauté et tyrannie exercée en la ville d’Arras, ce 28 jour de may 1618, par un jeune gentilhomme et une damoiselle, frère et saur, lesquels ont commis inceste, ensemble ce qui s’est passé durant leurs impudicques amours. Paris, 1618, in-8.