Page:Les Caquets de l'Accouchée.djvu/161

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— À propos de nouveautez, dit la femme du conseiller, on fit present l’autre jour à mon mary d’un petit discours intitulé l’esprit de la Cour qui va de nuict18 ; mais d’autant que la matière ne respond en façon du monde au titre, je voudrois que celui qui l’a faict eust un esprit de jour, et non pas de nuict, obscur et perdu, afin qu’il peust recognoistre ce qu’il veut escrire, car on n’y cognoist rien.

— Mais que vous semble, dit la femme du medecin, de ceste relation generale des conquestes et victoires du roy sur les rebelles19 ?

— C’est du papier mal employé, dit la femme du conseiller, car il n’y a rien de remarquable, qui soit de l’histoire ; l’ordre n’y est pas bien gardé, et, qui plus est, l’on escrit par là que Clerac a esté pris et reduit à l’obeyssance de Sa Majesté depuis la ville de Negrepelisse, qui a esté renduë au roy depuis quinze jours seulement20. Je ne m’estonne pas de toutes ces fautes, et des faussetez qui se passent aux escrits d’aujourd’huy.



18. Le véritable titre est celui-ci : l’Etonnement de la Cour de l’esprit qui va de nuit. S. l., 1622, in-8.

19. Relation generale des conquestes et victoires du roy sur les rebelles, depuis l’an mil six cent vingt jusqu’à present, avec les nom et situation des villes, places et chasteaux rendus à l’obéissance de S. M. Paris, Fleury Bourriquant, in-8. Le jugement porté ici sur cette pièce est fort juste.

20. Clérac, en effet, avoit été pris en juillet 1621 (V. plus